AIFBN estuvo en entrevista con el medio francés «Cuej»

Incendios forestales en Chile: ¿consecuencia de las decisiones políticas de 1974?. 

Por Luise Mösle, periodista Cuej

Publicado el 17 de febrero de 2023 en Cuej

«Feux de forêt au Chili: une conséquence des choix politiques de 1974?»  

De gigantesques feux sont en train de détruire les forêts chiliennes. Les températures extrêmes, la sécheresse et le vent les propagent très rapidement. Mais c’est aussi la structure des forêts qui les rend vulnérables aux flammes.

Depuis fin janvier, les forêts au Chili brûlent. Pourtant, en été, les feux de forêt ne sont rien d’exceptionnel. Le pays est habitué à des milliers de feux par an, en général rapidement éteints par les brigades spécialisées. Ce qui est exceptionnel dans la situation actuelle, c’est que les feux ne sont plus contrôlables, explique Andrés Meza, ingénieur forestier et professeur en gestion des aires protégées a l’Université Catholique de Santiago au Chili.

Plus de 400.000 ha de forêt dans le centre-sud du pays ont déjà été engloutis par les flammes. À ce stade, les habitants des territoires concernés ne sont plus capables de faire face à ces feux. Les brigades de lutte contre les incendies de forêt du gouvernement central et des forces étrangères utilisent des avions et des hélicoptères. L’armée a pris contrôle de certaines régions concernées. 26 personnes ont perdu la vie dans les flammes – des civils, des membres de brigades et des pilotes d’hélicoptère. Andrés Meza était en première ligne dans la lutte contre les derniers feux extrêmes en 2017.

L’origine des feux de forêt au Chili

Plus de 500.000 ha de forêt ont été détruits en 2017, rapelle Patricio Pliscoff, professeur spécialisé dans les analyses de changement climatique sur la biodiversité à l’Université Catholique de Santiago de Chili. Il précise que presque tous les feux au Chili sont d’origine humaine. Ils peuvent être produits accidentellement par des engins agricoles, des feux mal éteints ou des câbles électriques mal isolés. Mais une grande partie des feux est aussi causée volontairement pour « nettoyer » des terres afin de les préparer à des plantations. Les médias parlent d’une vingtaine de personnes arrêtées, prétendument responsables du déclenchement des feux.

Chaleur, sécheresse et vent

Plusieurs facteurs défavorables sont responsables de ces feux gigantesques, expliquent les deux scientifiques. Le changement climatique cause actuellement des températures d’environ 40°C dans le centre-sud du pays, les températures les plus élevées jamais documentées au Chili. Avec une sécheresse extrême et un vent très fort, qui vient des Andes ils créent un scénario propice pour des feux catastrophiques. Les plantations de forêt offrent dans ces conditions le combustible parfait pour nourrir les flammes. Mais pourquoi les feux peuvent-ils s’étendre si rapidement dans ces plantations ?

La situation des forêts au Chili

« Les forêts naturelles ne sont presque jamais affectées par les feux de forêt », explique Andrés Meza. « Des arbres et arbustes d’âges différents protègent le sol de l’assèchement et permettent de garder de l’humidité dans la forêt. » Le Chili possède encore à peu près la même surface de forêts naturelles que la France. Mais 3,5 millions ha de forêts chiliennes sont des plantations industrielles pour l’exploitation du bois. Pour les rendre le plus rentable possible, des arbres à croissance rapide étaient importés.

Le pin et l’eucalyptus ne sont pas des espèces natives. Plantés en monoculture, ils offrent un combustible idéal. « Imaginez des énormes forêts où tous les arbres ont le même âge, le même code génétique. Ils sont donc affectés de la même manière par la sécheresse et des maladies », décrit Andrés Meza. Le bois d’eucalyptus contient en plus beaucoup d’huile. Une autre raison qui explique pourquoi cette espèce est très inflammable.

Une forte industrie du bois, un choix politique

Le pin et l’eucalyptus sont la base de l’industrie du bois au Chili. Elle représente aujourd’hui entre 2 et 3 % du PIB du pays, qui en est le principal exportateur. Une performance due à un choix politique fait en 1974, un an après le coup d’État militaire. A cette époque, le gouvernement du dictateur Augusto Pinochet a décidé de prendre une voie néolibérale pour l’économie au Chili. Il a fait passer le décret 701, explique Patricio Pliscoff. Les plantations à croissance rapide de pins et d’eucalyptus ont ainsi été subventionnées par l’État.

Comment ça peut changer ?

En tant que vice-président de Agrupación de Ingenieros Forestales por el Bosque Nativo, une association de chercheurs et ingénieurs de forêts, Andrés Meza s’engage pour des forêts naturelles et résistantes aux flammes. Il va intervenir dans les zones touchées une fois les feux contrôlés, pour voir comment les territoires peuvent être restaurés. La constitution actuelle du Chili, introduite par le régime de Pinochet, donne encore beaucoup d’influence à l’industrie du bois.

Un premier projet de nouvelle constitution aurait pu changer cela. Andrés Meza y était très impliqué pour proposer des nouvelles normes pour la protection des forêts naturelles. Le projet a été rejeté en septembre 2022. Un nouveau projet est en train d’être élaboré, l’association de Andrés Meza y participant également. Le nouveau président Gabriel Boric, en poste depuis 2022, est plus favorable aux questions écologiques et a compris la nécessité de réglementer les plantations, affirme Andrés Meza.

Mais l’industrie du bois reste un poids politique important dans le pays. « Maintenant c’est à nous, les scientifiques, d’insister sur l’importance d’un changement radical dans le modèle forestier au Chili. Une nouvelle Constitution de la République pourrait être la clé pour un modèle de développement forestier au Chili. »